
La richesse du bon lait
La ferme et le lait, Bernard connait. Issu de la cinquième génération d’agriculteurs-éléveurs-producteurs de lait implantés à Rebecq depuis 1828, Bernard a vu ces métiers évoluer. Avec leurs crises, leurs programmes de soutien et, plus récemment, la reprise en main progressive, par le consommateur, du “manger sain” et du “retour à la nature”.
” Sans la motivation à faire bouger les lignes et produire la meilleure qualité pour le plus grand nombre. Sans la passion de la défense des causes justes. Je ne ferais pas ce métier avec la même énergie.” (Bernard Bartholomé.)
Mais qu’est-ce donc qui fait courir Bernard et, avec lui, sa famille ?
“La crise du lait, en 2009, a été pour moi un véritable électro-choc. Cette crise est la conséquence d’une fuite en avant. Une fuite qui fait écho à un dictat que je trouve idiot : produire toujours plus (de la même chose) pour toujours moins cher au détriment de la qualité ! La nature a ses limites, surtout en matière de production et de qualité alimentaire.
Vous avez donc brisé le tabou de la ‘productivité pour la productivité’ en quelque sorte ?
“On peut dire cela. J’ai surtout cherché une voie plus raisonnable afin de donner de la valeur à notre produit de base : le lait. Dans un premier temps, nous avons trouvé un accord de prix d’achat minimum avec Colruyt – que je ne remercierai jamais assez. Ensuite, l’idée de transformer le lait en produit a germé.” (Bernard sourit).
Et quelle fut votre première production ?
“Après le lait en bouteille, nous avons démarré la production de lait battu et lait fermenté. Mais ce marché est fort encombré. Quasiment chaque ferme laitière a ‘son’ lait.” Pas simple de faire la différence. “Nous avons un peu tâtonné sur plusieurs recettes de yaourts et de fromages frais. C’était préparé dans la cuisine de la ferme et proposé aux proches de la famille et de leurs amis. Le système Facebook avant Facebook en quelque sorte. Ensuite nous avons cherché d’autres sources d’inspiration, et l’un de nos premiers produits phare a vu le jour : le riz au lait. Celui-ci est directement inspiré d’une recette de ma grand-mère, transmis à ma mère et maintenant disponible pour la joie du plus grand nombre”.
C’est donc sur base de quelques produits que vous avez su développer votre production ?
“En effet. Nous les avons proposés à quelques magasins et supermarchés de la région. Ensuite, dès 2013, sur les marchés (voir calendrier des marchés) et depuis lors nous avons accru notre volume de production grâce à un premier partenariat avec Delhaize. Cela c’est fait dans le cadre de la campagne ‘les produits de chez nous’. Mais le vrai ‘coup de kick’ en terme de demande est lié à une décision bien plus originale. Et grâce à elle, nos produits font réellement la différence aujourd’hui.”
Quel est le secret du succès croissant de vos produits ?
“Ben…c’est simple. C’est tout simplement le lait ! Et pas n’importe quel lait. Du lait de Jersiaise. Des vaches rustiques que nous élevons et laissons paître en prairies non traitées, avec une rotation bien pensée. Et ceci près de 10 mois par an. Nous avons introduit cette race de vache en 2015 en remplaçant toutes les Holstein – la plus courante des vaches laitières. Le troupeau a ensuite été complété de 21 vaches Jersiaises en mars 2019. Nos ventes ont réellement décollé depuis cette décision.